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Relecture de l'histoire du différend régional sur le Sahara

Relecture de l'histoire du différend régional sur le Sahara

Sur le plan historique, le différend sur le Sahara marocain n’est pas une question de soi-disant décolonisation comme tend à l’affirmer faussement l’Algérie, c’est une question postcoloniale héritée de guerre froide et qui plus est, existentielle pour le peuple marocain.

Le recours à l’histoire revèle l’existence formelle du « Grand Maroc » que la colonisation protéiforme a tenté de déconstruire en y laissant des flétrissures plurielles, accentuées par l’ordre colonial français et espagnol.

À maints égards, la question du Sahara Marocain fait l’objet d’une instrumentalisation politique de la part de plusieurs activistes hostiles à l’intégrité territoriale du Maroc, qui tentent d’induire en erreur l’opinion publique en éludant les données historiques et juridiques, fondamentales à la compréhension de l’émergence de ce différend régional, qui a été créé et qui continue d’être entretenu au jour d’aujourd’hui par l’Algérie. 

Le différend sur le Sahara malaisément dit occidental, une méconnaissance de la taxonomie et des logiques toponymiques du vaste ensemble saharien et des identités culturelles qui y ont foisonné, rappelle fort bien que la colonisation a déconstruit l’âme identitaire africaine et que la jeune génération d’Africains tarde à en prendre conscience.

Car, il s’agit bien là des compromis contractuels sous fond de gré à gré, par lesquels les colonisateurs ont déconstruit l’Afrique à l’accession à l’indépendance, sans que les premiers dirigeants africains, du moins ceux mobilisés au sein de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), n’aient pu dénoncer l’insidieuse compromission de la stabilité ultérieure des États, disait-on, indépendants.

L’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, une escroquerie occidentale des maîtres décampant l’Afrique, imposée aux dirigeants africains, demeure une conception générale du droit sans vigueur. Elle manque de vigueur, d’autant qu’il n’existe pas en droit, de règle sans exception. Félix Houphouët-Boigny avait certainement vu juste lorsqu’il déclarait :

Il y a une conception générale, admise par tous les dirigeants africains, selon laquelle les frontières de l’Afrique restent intangibles. Mais il n’existe aucune règle qui ne comporte d’exception. Ceci doit être souligné avec autant plus de vigueur que quelques pays africains accédèrent à l’indépendance avec un tracé frontalier différent de celui qui était le leur à l’époque coloniale. Ainsi, l’Ogaden faisait partie du Somaliland britannique, et ce sont les Anglais qui en ont fait don à l’Éthiopie. De même l’Érythrée britannique était à la fin du XIXe siècle, une colonie italienne…

L’artificiel conflit autour du Sahara marocain est bien un cas de figure, parmi tant d’autres qui jalonne la marche irréversible de l’Afrique vers le développement et menace le vivre-ensemble dans le cadre du sacro-saint principe de la fraternité africaine.

L’affaire du Sahara émane donc d’une vaine tentative du nihilisme postcolonial de la souveraineté du Royaume du Maroc. Elle relève aussi de l’instrumentalisation programmatique de l’Algérie, surfant sur un discours néocolonial nihiliste de l’évidence de l’histoire marocaine, riche de quatorze siècles.

Cette affaire, érigée en différend d’abord avec l’Espagne et ensuite avec l’Algérie, est la principale hypothèque de la marche de l’Afrique. L’Union du Maghreb Arabe (UMA) et l’Union Africaine (ex-OUA), dont le certificat de vie originelle a été convenu à Casablanca, n’ayant pu solutionner ce différend en raison de son parti pris, la question du Sahara marocain est entre les mains des Nations Unies, qui demeure l’unique cadre pour trouver une solution à ce différend, conformément à la légalité internationale.

 

L’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara qui s’avère être le référentiel immuable d’une dynamique irénologique engagée par le Royaume chérifien, dénote de l’engagement du Maroc en faveur d’une solution politique définitive et basée sur le compromis.

 

L’histoire rappelle fort opportunément des liens séculiers entre le Royaume du Maroc et l’Algérie, deux pays que tout avait contraint à une solidarité et à l’entente mutuelle. Bien avant la colonisation, des cadres régionaux de vie communautaire existaient et des migrations provisoires étaient marquées. Les tribus transfrontalières pratiquaient en permanence le nomadisme. Cette forme de mobilité s’est accrue avec la colonisation française en Algérie en 1830.

Aux confins de cette période d’entente mutuelle entre les deux pays, resurgit un questionnement finalement rhétorique sur l’opportunité actuelle d’une crise si ardente entre le Royaume du Maroc et l’Algérie, par l’instrumentalisation du « polisario » par la seconde qui n’existait nullement avant cette date.

Assurément le Sahara marocain attire et suscite des enjeux régionaux au point où l’Algérie accepte de devenir « donneur d’ordre », au détriment d’une coopération apaisée avec le Royaume du Maroc et d’un fonctionnement optimal de l’UMA (Union du Maghreb Arabe).

Au cœur des rapports diplomatiques tendus entre les deux pays, l’épineuse et lancinante question de la remise en cause permanente de la souveraineté marocaine sur une partie de son territoire à la pointe méridionale. L’ingérence d’Alger, prégnante et exaspérante, se reproduit à travers un cheval de Troie : le « Front Polisario ».

Sans que cela ne l’en dissuade, l’Algérie continue d’apporter son soutien à cette cause perdue, sans s’empêcher de proposer des « alternatives » vraisemblablement défectibles. C’est dans ce sillage qu’Abdelaziz Bouteflika, alors président de la République algérienne, lors d’une réunion à Houston avec James Baker en 2002, proposait de scinder le Sahara en deux parties : une partie pour le Maroc et la seconde pour le Polisario.

Aujourd’hui, de plus en plus, les exécutants de cette base besogne et surtout quelques personnes manipulées, semblent exaspérés par la longue léthargie d’une promesse fallacieuse. C’est le cas de Bachir Mustapha Sayed, frère du père fondateur du « Polisario », El Ouali Mustapha Sayed, prétendu ministre des territoires occupés et de la diaspora de la république sahraouie. 

En même temps, le « polisario » est régulièrement mis à l’index par les rapports des organisations internationales et de défense des droits de l’homme sur les détournements de l’aide humanitaire à destinations des réfugiés et déplacés des camps de Tindouf.

Le rapport de l’OLAF (’Office européen de lutte antifraude) de 2007, rendu public en 2015, avait dénoncé les détournements de l’aide humanitaire. Ces détournements portaient sur tout ou partie d’un montant de 105 millions d’euros, entre 1994 et 2005. Non seulement, l’Algérie, dans ce rapport était accusée d’avoir prélevé, illicitement, une taxe de 5 % sur le montant de l’aide humanitaire destinée à financer des achats sur place (donc en Algérie), mais aussi les chefs du « polisario » avaient stocké l'aide détournée avant de la redistribuer sur les marchés subsahariens, notamment en Mauritanie.

De même, des responsables du « polisario », coupables de ces détournements, étaient propriétaires des villas de luxe achetées dans le sud de l'Europe. Outre ces détournements de l’aide humanitaire, l’Algérie avait été soupçonnée de surestimer volontairement le nombre des réfugiés les camps de Tindouf pour obtenir injustement une aide conséquente des agences humanitaires. Cette cloison mafieuse prolifère et pourrait, du moins en partie, justifier l’opposition du « polisario » et de l’Algérie au recensement des populations des camps de Tindouf par le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés.

Le retrait de la reconnaissance de l’imaginaire « rasd » par plusieurs pays ainsi que la rigidité de sa direction aggrave l’isolement du Polisario sur la scène africaine et internationale.

 

C’est pourquoi on y note une reconversion des combattants et la désertion des centaines de jeunes, captifs des camps de Tindouf, qui gonflent aujourd’hui les effectifs des recrus de la contrebande et du crime organisé au Sahel.

D’ailleurs, une étude publiée en novembre 2005 par l’European Strategic Intelligence and Security Center, indique que 6000 combattants du « polisario », environs 60% des effectifs, exaspérés par l’opulence des dirigeants du mouvement et les retards de paiement de solde, s’étaient repliés sur la Mauritanie et reconvertis en hommes d’affaires, après le cessez-le-feu signé de 1991.

En s’inscrivant dans l’entretien de la contrebande, le « polisario » s’affiche comme un mouvement criminel et terroriste, par ses accointances avec AQMI et d’autres groupuscules terroristes au Sahel.

Pour ce qui est de la pseudo « rasd », il ne s’agit que d’une émanation imaginaire de l’Algérie pour légitimer ses velléités géostratégiques dans la région. 165 pays sur les 193 États membres de l’ONU ne reconnaissent pas cette république imaginaire.

 

En Afrique, une nouvelle dynamique transparaît et s’intensifie par l’ouverture des représentations consulaires de plusieurs pays dans le Sud du Maroc. Cette dynamique irréversible connaît ainsi un tournant remarquable avec l’inauguration par l’Union des Comores d’un Consulat général à Laâyoune le 18 décembre 2019.

Depuis lors, plusieurs pays africains lui ont emboîté pas, notamment la Gambie; la Guinée-Conakry, le Gabon, la République Centrafricaine, Sao Tomé, le Gabon, la République de Guinée, Sao Tomé-et-Principe, la Centrafrique, la Côte d’Ivoire, le Burundi ,le Djibouti, le Libéria, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, la Guinée Equatoriale, le Royaume d’Eswatini, la Zambie, la RDC et le Sénégal. D’autres pays africains, à savoir le Togo et le Cap-Vert, suivront très prochainement cette dynamiques.

L’ouverture du Consulat général de Côte d’Ivoire à Laâyoune le 18 février 2020, est venue confirmer la dynamique irréversible de reconnaissance de la marocanité du Sahara par la réaction épidermique de l’Algérie qui a jugé utile, sous réserve de sa pseudo position de pays « observateur » qui ne « s’ingère pas dans les affaires internes des autres Etats en publiant un communiqué officiel par le biais de son Ministère des Affaires Etrangères affirmant que la décision de la Côte d’Ivoire «intervient au mépris des principes et des objectifs consacrés par l'acte constitutif de l'Union africaine, notamment l'impératif d'unité et de solidarité entre les peuples d'Afrique et la défense de l'intégrité territoriale et l'indépendance des pays membres de l’Union ».

Cette attitude de l’Algérie révèle au grand jour, s’il en était encore besoin, son rôle majeur dans le conflit autour du Sahara marocain. Tout au plus, cette nouvelle colère de l’Algérie est un argument supplémentaire qui justifie son implication directe dans l’instrumentalisation et la tentative de politisation internationale d’un conflit artificiel.

Cette immixtion incompréhensible de l’Algérie a toujours été dénoncée par les hautes autorités marocaines. C’est pourquoi, dans un message adressé le 4 avril 2018 au Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le Roi Mohammed VI déclarait et je cite : « l’Algérie a une responsabilité flagrante. L’Algérie finance, l’Algérie abrite, l’Algérie arme, l’Algérie soutient diplomatiquement le Polisario ».

Malgré les obstructions discursives de l’Algérie, cette dynamique s’est accrue, avec un regain d’intérêt. L’inauguration de plusieurs autres Consulats généraux de pays d’Afrique, des Amériques, des Caraïbes, du Moyen-Orient témoignent non seulement de l’irréversibilité de la marocanité du Sahara, mais aussi et surtout du succès de l’approche irénologique africaine initiée par le Maroc.

À contrario, ces actions diplomatiques viennent ainsi concrétiser une appropriation juridique de l’exercice souveraine de la territorialité du Maroc.

 

 

C’est l’exemple de la Chambre des Conseillers ainsi que la Chambre des Représentants, qui, réunies en séance plénière le 4 février 2020, ont adopté deux projets de loi visant à établir la compétence juridique du Royaume sur l’ensemble de son domaine maritime.

L’un de ces projets de loi fixant la limite des eaux territoriales. Le second modifiait et complétait la loi instituant une zone économique exclusive de 200 miles marins au large des côtes des provinces du Sud du Maroc en l’incorporant dans l’arsenal juridique national.

La reconnaissance de la marocanité du Sahara par les USA, intervenue le 10 décembre 2020, s’inscrit dans ce souhait réitéré et dans la dynamique diplomatique irréversible, par laquelle plusieurs pays (africains, américains, européens et asiatiques) ont marqué leur solidarité aux côtés du Maroc.

La reconnaissance américaine de la pleine souveraineté du Maroc sur son Sahara, dont le décret présidentiel a été publié au registre fédéral (Bulletin officiel national) le 14 décembre 2020, est, sans doute, l’évènement le plus marquant des dernières années au sujet de ce feuilleton juridico-politique, vieux de plusieurs décennies. Cette décision est toujours d’actualité de nos jours.

L’Allemagne, l’Espagne, ancienne puissance coloniale au Sahara, les Philippines, les Pays-Bas ou encore la Hongrie, si ce n’est que pour citer les plus récents, ont emboîté le pays aux Etats-Unis, affirmant haut et fort que l’Initiative Marocaine d’Autonomie est l’unique base pour résoudre définitivement ce différend régional.

Cette dynamique internationale de fond conforte l’approche que suit le Maroc pour résoudre ce différend régional qui n’a que trop duré. Elle ancre l’Initiative Marocaine d’Autonomie comme seul et unique horizon du différend régional sur le Sahara marocain.

Confiant dans son approche et serein dans sa démarche, le Royaume du Maroc, égal à lui-même, poursuit la dynamique de développement au Sahara Marocain dans le cadre du Nouveau Modèle de Développement pour les Provinces du Sud et son ouverture à son environnement immédiat au Continent africain.

Il serait temps pour l’Algérie de faire preuve de pragmatisme et de réalisme en voyant vers l’avenir et en coupant définitivement son embryon ombilical relié aux reliques du passé, à savoir celles datant de la guerre froide, et qu’elle saisisse l’opportunité historique offerte par l’Initiative Marocaine d’Autonomie pour mettre fin à ce différend régional.

 

Par ALPHONSE ZOZIME TAMEKAMTA

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