L'Afrique du Nord, nouveau champ de bataille de l'ombre iranienne
Le soutien militaire iranien via le Hezbollah au Front Polisario est une réalité préoccupante qui contribue significativement à la complexité et à la dangerosité de la situation en Afrique du Nord. Ce soutien en armement alimente un conflit qui a des répercussions sur l'ensemble de la région.
L'implication iranienne dans la fourniture de drones ne se limite pas au Polisario. Des rapports indiquent que l'Iran cherche à étendre sa présence et son influence en fournissant des drones à d'autres alliés à travers l'Afrique, ce qui soulève des préoccupations quant à la prolifération de ces technologies potentiellement déstabilisatrices sur le continent .
En tout état de cause, la présence de drones iraniens entre les mains du Front Polisario, un groupe pas loin du terrorisme, alimente les tensions régionales, inquiète même les puissances occidentales, notamment les États Unis, et soulève des questions quant à la sécurité et la stabilité de l'ensemble de l'Afrique du Nord et du Sahel déjà en zone de turbulence… .
Nous mettons en garde contre le fait que les camps de Tindouf, contrôlés par le Polisario, pourraient devenir des zones propices au recrutement jihadiste et abriter des organisations militantes extrémistes. Des liens entre des membres du Polisario et des groupes terroristes au Sahel ont été établis par le passé.
L’Algérie facilite ce corridor stratégique via des bases militaires à Tindouf .
Des images satellitaires publiées en mars 2025 révèlent l’extension d’installations logistiques adaptées au stockage de drones .
En réalité, le Front Polisario est de venu un pion sur l’échiquier africain de l’Iran en acceptant le jeu d’une projection militaire par procuration .
Le Front Polisario sert de relais opé rationnel à l’Iran dans le Sahara marocain, avec des livraisons confirmées de drones kamikazes Shahed et de missiles sol‐air 358 depuis 2023 . Ces transferts, orchestrés via le Hezbollah libanais, transforment un conflit territorial en théâtre de guerre hybride. Des éléments du Polisario sont formés en Syrie par les Gardiens de la Révolution (IRGC‐ Islamic Revolutionary Guard Corps, ou CGRI ‐ Corps des Gardiens de la Révolution Islamique) pour l’acquisition de compétences en guerre urbaine et en sabotage, comme le montrent les incidents frontaliers de 2024 .
Tout laisse à croire que l’implication iranienne dans le conflit du Sahara de meure une tentative de défier l'in fluence des nations arabes et des puissances occidentales en Afrique du Nord. L'axe Iran‐Hezbollah‐Polisario perçoit le Sahara marocain comme un point de friction potentiel pour exercer une pression sur le Maroc, un allié des États‐Unis et qui a normalisé ses relations avec Israël.
L’Afrique du Nord semble devenir une zone d'influence croissante pour l’Iran, qui utilise des groupes comme le Front Polisario pour avancer ses intérêts et potentiellement déstabiliser la région. Cette situation est suivie de près par le Maroc, l’Europe, les États Unis et leurs alliés.
Le Front Polisario est une force supplétive de l'Iran dans la région de l’Afrique du Nord. Cette perception re pose sur un faisceau d’éléments convergents qui feront l’objet d’un autre article.
Face à ces éléments, des voix s'élèvent, notamment aux États‐Unis, pour qualifier le Front Polisario d'organisation terroriste en raison de ses liens avérés avec l'Iran et le Hezbollah, et de la menace que cela représente pour la stabilité régionale et les intérêts américains. De nombreux indices suggèrent une instrumentalisation par l’Iran dans le cadre d'une stratégie régionale plus large, suscitant de vives inquiétudes quant à la sécurité et la stabilité en Afrique du Nord.
Téhéran pose des actes inquiétants en proposant des partenariats gagnant‐gagnant aux régimes isolés :
• Niger : En échange de 300 tonnes d’uranium yellowcake, l’Iran fournit des systèmes de défense aérienne et forme les forces juntistes à la guerre électronique .
• Soudan : Des négociations se crètes porteraient sur l’accès iranien au port de Port‐Soudan en échange de missiles balistiques Fateh‐110 pour l’armée soudanaise .
• Algérie : Un accord‐cadre signé en mars 2024 prévoit une coopération dans les énergies renouvelables, masquant des transferts technologiques sensibles dans le dessalement d’eau – secteur clé pour le développement saharien .
L'Algérie est le mentor du Polisario, son créateur et son bailleur. Le front Polisario ne saurait exister sans l’Algérie. Elle plaide activement pour la re mise en question de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Et, elle lui fournit un soutien diplomatique, politique, logistique et territorial en autorisant et en facilitant la présence du Front Polisario sur son sol. Ainsi, elle lui offre une base arrière pour son organisation et ses activités subversives.
DES CONSEQUENCES MUL TIPLES PEUVENT DECOU LER DE CES ACTIONS DE RELATIONS INTERNATIO NALES ILLICITES
L'implication croissante de l'Iran et de ses mandataires, notamment le Hezbollah, en Afrique du Nord a des ré percussions significatives sur la stabilité régionale :
• Exacerbation des tensions bi latérales : Le soutien iranien au Front Polisario exacerbe les tensions déjà vives entre le Maroc et l’Algérie. Le Maroc perçoit cette implication comme une menace directe à son intégrité territoriale et une tentative de déstabilisation orchestrée par un acteur extérieur.
• Risque de prolifération d’armes et de technologies militaires : La fourniture d'armes, y compris des drones, au Front Polisario par l'Iran via le Hezbollah augmente le risque d'une escalade militaire dans la région. La prolifération de ces technologies pourrait déstabiliser l’équilibre des forces et encourager des actions plus agressives.
• Renforcement des alliances et contre‐alliances : L'implication iranienne pousse les acteurs régionaux à renforcer leurs alliances. Le Maroc, par exemple, a resserré ses liens avec les États‐Unis et Israël.
Cette dynamique de blocs concurrents peut polariser davantage la région et rendre la résolution des conflits plus complexe.
• Influence croissante d'acteurs non‐arabes : L’engagement de l'Iran, un acteur non‐arabe, dans les affaires de l'Afrique du Nord est perçu comme une tentative de saper l'influence des nations arabes traditionnelles dans la région. Cela pourrait entraîner des rivalités et des tensions entre différents pôles d'influence .
• Potentiel de contagion à d'autres conflits : L'instabilité au Sahara, alimentée par le soutien extérieur, pourrait avoir des répercussions sur d'autres zones de tension en Afrique du Nord et au Sahel, où des groupes armés et des dynamiques insurrectionnelles sont déjà présents • Défis pour la coopération régionale : L'atmosphère de méfiance et de confrontation engendrée par l'implication iranienne rend plus difficile la mise en place d'une coopération régionale efficace sur des enjeux communs tels que la sécurité, le développement économique et la lutte contre le terrorisme .
• Soutien à un groupe potentiellement terroriste : Compte tenu des liens avérés entre le Front Polisario et l'Iran, ainsi que son mandataire, le Hezbollah, des voix s'élèvent aux États‐Unis pour désigner le Polisario comme une organisation terroriste. Le soutien à de tels groupes est contraire à la politique américaine de lutte contre le terrorisme.
• Atteinte aux intérêts des alliés : Le Maroc est un allié important des États‐Unis dans la région. Le soutien iranien au Polisario est perçu comme une menace directe pour le Maroc et ses intérêts, ce qui met à mal les relations bilatérales et la capacité des États‐Unis à compter sur un partenaire stable. La reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, soutenue par les États‐Unis, est également perçue comme une cible potentielle de l'in fluence iranienne .
• Risque pour la sécurité des opérations américaines : Une in stabilité accrue en Afrique du Nord pourrait compliquer les opé rations militaires et de renseigne ment américaines dans la région, notamment dans la lutte contre le terrorisme au Sahel .
L'idée d'une "alliance stratégique" entre l'Iran, l'Algérie et le Front Polisario repose sur un faisceau d'intérêts convergents et d'actions coordonnées qui suggèrent une forme de partenariat stratégique contre les intérêts anti occidentaux et anti‐israéliens partagés .
Les conséquences du soutien iranien au Front Polisario sont multiples et touchent à la stabilité régionale, aux relations internationales et aux dynamiques internes du conflit du Sahara .
Le renforcement militaire du Polisario peut entrainer une déstabilisation régionale car les camps de Tindouf pourraient devenir un terreau pour les organisations militantes extrémistes et un centre de recrutement djihadiste transfrontalier, le Polisario servant de relais à l'Iran auprès de réseaux djihadistes africains avec en sus de l’exploitation d'enfants soldats Le Conseil de Sécurité de l'ONU adopte régulièrement des résolutions sur la situation au Sahara, réaffirmant l'objectif d'une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, basée sur le compromis. Cependant il faut remercier le Maroc qui, sans attendre les tergiversations et pour barrer la route au terrorisme ram pant a entrepris d'importants investissements dans ses territoires du sud à travers des plans de développement spécifiques. Le "Nouveau Modèle de Développement des Provinces du Sud” lancé en 2015 vise à moderniser les infrastructures, stimuler la croissance économique et améliorer les conditions de vie des populations locales.
Les secteurs clés de développement incluent la pêche, le tourisme, les énergies renouvelables (notamment l’éolien et le solaire), l'agriculture, et le développement des infrastructures portuaires et routières. Le projet du port de Dakhla Atlantique est un exemple phare de ces investissements. Des efforts sont dé ployés pour améliorer la connectivité de ces régions du Sud au reste du Maroc et à l'Afrique subsaharienne, notamment à travers l’achèvement de la voie express Tiznit‐Dakhla et le développement de liaisons aériennes .
Pour les aspects Politiques et Sécuritaires, le Maroc propose une autonomie élargie pour le Sahara marocain comme solution politique au conflit .
Cette proposition est acceptée par les plus grandes démocraties du Monde à l’image de Tammy Bruce, la porte‐parole du département d’État qui a déclaré : « Les États‐Unis reconnaissent la souveraineté marocaine sur le Sahara et soutiennent la proposition d’autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc comme seule base pour une solution juste et durable au différend » .
La gestion des territoires du sud par le Maroc est un processus qui combine des efforts de développement économique et social avec des défis politiques et sécuritaires .
A cet égard, l'ombre de l'Iran planant sur l'Afrique du Nord complique considérablement le paysage régional. Elle alimente les rivalités existantes, intro duit de nouveaux facteurs de déstabilisation et entrave les perspectives de paix et de coopération. La région risque de devenir un nouveau terrain de confrontation par procuration, avec des conséquences potentiellement durables pour sa sécurité et le développement du terrorisme dans la zone.
Il est important de noter que ces in quiétudes doivent être minimisées car le Maroc a les moyens de défendre son territoire ; ce qu’il a toujours fait depuis l’an 788, caractérisé l’exil d’Idris1er créateur du Maghreb Al Aqsa. L’autre dimension qui nous pousse à la sérénité est l’attachement des sahraouis au Royaume du Maroc par leur active participation à la vie publique marocaine. En effet, la majorité des populations du Sud se sentent marocains et aspirent à une résolution pacifique de ce conflit artificiel savamment entretenu et à une vie plus digne que celle d’un éternel refugié. Sa Majesté le Roi du Maroc, par son plan de large autonomie a proposé une résolution juste, acceptable et durable du conflit du Sahara marocain pour promouvoir le développement et la stabilité régionale.

Dr Abdoul Latif Aidara, Directeur général du CISPAIX ` Coordinateur de la Coalition pour l’autonomie du Sahara AUSACO.