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M. Mihajlo Vucic

L'Espagne essaie de faire diversion sur les raisons réelles de la crise

Brahim Ghali, le leader autoproclamé de l’organisation « polisario », un mouvement séparatiste visant à acquérir par la force l’indépendance du Royaume du Maroc, a été accepté pour traitement à l’hôpital sur le sol espagnol, selon le gouvernement du Maroc, arrivant sous un faux nom et avec un faux passeport diplomatique algérien.

La question curieuse avec cette arrivée est que Ghali et d’autres dirigeants de ce groupe sont accusés par des groupes de droits de l’homme et des individus du Sahara Occidental de génocide, meurtre, terrorisme, torture et disparitions devant les tribunaux espagnols.

L’inaction préliminaire des autorités espagnoles, qui n’ont pas réagi conformément à leur propre système judiciaire lorsqu’elles se sont occupées de cette personne, a été quelque peu corrigée ces derniers jours lorsque la Haute Cour espagnole a assigné le Ghali le 1er juin pour une audience préliminaire dans cette affaire.

Cependant, les dommages pour les relations bilatérales entre l’Espagne et le Maroc étaient déjà faits. L’Espagne n’a fourni aucune explication plausible de son comportement à l’égard du Ghali, alors que dans le même temps, elle a accusé le Maroc de lui faire du chantage avec les flux de réfugiés, puisque selon les autorités espagnoles, plusieurs milliers de migrants ont traversé la frontière contestée dans la ville de Ceuta (ou Sebta) sans aucune réaction des gardes-frontières marocains.

Cela pourrait être interprété comme une réorientation de l’attention de la communauté internationale d’une erreur diplomatique de la part du gouvernement espagnol. Les faits sont que dans le cadre de la lutte contre la migration illégale, le Maroc a avorté 13.000 tentatives d’immigration irrégulières depuis 2017, démantelé 4163 réseaux de trafic et enregistré 48 tentatives d’assauts du Sebta. Cet effort est financé par le Maroc à plus de 80% par ses propres moyens.

Il s’agit d’une image complétement différente de celle de la Turquie, qui a également été considérée par certains Etats membres de l’UE dans le passé comme un maitre-chanteur lorsqu’il s’agit de contrôler les flux migratoires, alors que l’UE finance volontiers la politique migratoire de la Turquie afin d’éloigner les demandeurs d’asile potentiels de son territoire.

Cet épisode ne doit pas influencer négativement les relations entre le Maroc et l’Espagne, ou l’UE dans son ensemble. L’affaire Brahim Ghali doit être poursuivie conformément à la procédure pénale espagnole.

La régulation des flux migratoires est dans l’intérêt mutuel des deux pays et de l’UE, et les efforts du Maroc dans ce contexte doivent être salués. Le règlement définitif de la question du Sahara Occidental contribuera certainement à une meilleure régulation des migrations, car il apportera la stabilité et la prospérité à cette région.

 

M. Mihajlo Vucie

Professeur associé à la faculté de diplomatie et de sécurité de l’université de Belgrade

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