Aller au contenu principal
Mohamed Ahmed Gain

Je suis un Sahraoui qui vit au Maroc. Voici pourquoi je soutiens la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

A la fin de 2020, les Etats-Unis ont reconnu légalement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et ont affirmé que l’initiative marocaine d’autonomie est la seule base pour une solution réaliste, sérieuse et crédible au différend régional sur le territoire. Depuis son achèvement, les critiques de la reconnaissance américaine sont apparues en force : certains ont dit que cette décision piétine les droits du peuple sahraoui qui vit au Sahara occidental, et ils ont appelé l’administration Biden à l’annuler.
Je suis un Sahraoui, et non seulement je soutiens la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, mais je crois que la dénaturer pourrait causer un dommage irréparable aux Sahraouis et à la paix et la stabilité dans la région.
Les Sahraouis ont longtemps vécu avec des personnes parlant en notre nom qui ne vivent pas dans le territoire et ne comprennent pas notre situation.
En fait, le Front Polisario, un groupe séparatiste crée en 1973 par le régime Kadhafi de l’époque et repris par l’Algérie, prétend parler au nom des Sahraouis depuis des décennies, et ce sont eux qui poussent à s’opposer à la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Le Polisario se vend bien : ils utilisent les médias internationaux pour dépeindre le peuple sahraoui comme lésé et attaqué, et ils ont essayé de faire croire que le Polisario est un combattant de la liberté qui défend vaillamment les droits des Sahraouis.
Voici la réalité : comme beaucoup de groupes mercenaires, le Polisario n’a d’autre intérêt que de faire avancer les intérêts géostratégiques de son mentor algérien et de s’enrichir lui-même, et non d’aider les Sahraouis. Un exemple concret : le Polisario gère des camps de Tindouf en Algérie, qui abritent des milliers de Sahraouis. Les conditions dans ces camps sont tragiques et déshumanisantes, et elles sont le résultat direct des actions du Polisario facilitées par l’Algérie ; en effet, les autorités algériennes ont transféré la juridiction sur les camps au Front Polisario, un acteur armé non étatique, en violation flagrante du droit humanitaire international. Le Comité des droits de l’homme des Nations unies a exprimé à juste titre ses préoccupations quant aux conséquences de cette dévolution de facto du pouvoir sur la protection des droits de l’homme dans les camps.
Au fil des ans, le Polisario a détourné l’aide destinée à cette région, avec la complicité active de l’Algérie et avec des fonctionnaires algériens bénéficiant de ces détournements, et les populations sous leur surveillance ont souffert. C’est le seul « camp des réfugiés » au monde où un recensement de l’ONU n’a pas été autorisé et les Sahraouis qui s’y trouvent ne sont pas autorisés à sortir.
L’Algérie et le Polisario espèrent que le Sahara occidental restera « contesté », car plus longtemps ça sera le cas, moins on prêtera attention à la corruption et aux malversations du Polisario, à son pillage de l’aide humanitaire et à son refus de négocier. Et surtout, si le « différend » prend fin, le Polisario perd ses sources de financement internationales. 
Beaucoup de Sahraouis et moi sommes fatigués d’être utilisés comme des pions politiques dans un conflit régional qui aurait du être résolu depuis des décennies. Les Etats-Unis ont franchi une étape critique dans une telle résolution en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et en soutenant le plan d’autonomie comme une solution de compromis. Ils ne sont pas la seule nation à le faire. A ce jour, plus de 20 autres pays ont ouvert des consulats au Sahara occidental, un geste qui confirme leur reconnaissance de la souveraineté marocaine. Plus de 40 pays ont démontré leur soutien effectif à la solution d’autonomie sous la souveraineté marocaine lors de la conférence internationale qui s’est tenue avec le gouvernement américain en janvier dernier. Il est important de noter que ces pays ont déclaré que la décision américaine fournit une orientation au processus politique mené par l’ONU et fait avancer la recherche d’une solution réaliste, praticable et durable qui repose sur un compromis au différend régional.
Cette reconnaissance multi-pays reflète les faits sur le terrain. Les Sahraouis votent aux élections marocaines, et la région est administrée par des responsables élus localement. L’ONU a reconnu que ces responsables démocratiquement élus sont les représentants du peuple de la région. En outre, de nombreux Sahraouis ont réussi dans les affaires et le gouvernement à travers le Royaume. Notre patrimoine culturel spécifique est également inscrit dans la Constitution marocaine, tout comme le patrimoine culturel hébraïque du Royaume.
Loin d’être un « peuple occupé », nous nous sentons partie intégrante de la vie marocaine.
Nous sommes également désireux de tourner la page sur cette question et de construire du Sahara occidental ce qu’il pourrait être. Le Maroc a investi dans ce futur en engageant plus de 8 milliards de dollars américains pour le développement de la région. D’autres ont également versé des milliards de dollars pour faire de cette région un centre commercial. Les Etats-Unis ont récemment engagé 3 milliards de dollars pour des banques et des hôtels basés au Maroc ; une start-up américaine spécialisée dans l’énergie éolienne a annoncé qu’elle pourrait également y établir une filiale. Plus les pays reconnaitront ce territoire comme faisant partie du Maroc, plus un tel développement aura lieu et les habitants de cette région se porteront mieux.
Un dernier mot sur la reprise des liens entre le Royaume et l’Etat d’Israël : c’est une étape naturelle dans l’histoire millénaire de la coexistence pacifique entre musulmans et juifs au Maroc. 
Les liens entre les deux pays sont à la fois étendus et ancrés dans l’histoire, puisque le Maroc abrite l’une des plus grandes communautés juives du monde arabe et que la communauté juive marocaine est ‘une des plus importantes en Israël. Pendant la Seconde Guerre mondiale, feu le roi Mohammed V a refusé de livrer les citoyens marocains de confession juive aux autorités de Vichy, empêchant ainsi leur déploration vers les camps d’extermination, un acte héroïque pour lequel il est aujourd’hui reconnu comme un Juste parmi les Nations. 
En tant que Sahraoui, je suis encouragé par ces efforts et par les contributions de la nation que j’appelle ma maison. Mon espoir est que le monde reconnaisse la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, car c’est la seule chose légitime à faire pour les Sahraouis. 

 

Mohammed Ahmed Gain, Président de l’Institut Africain pour la Consolidation de la paix et la Transformation des Conflits à Laayoune. 

Ajouter un commentaire